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LA NÉGLIGENCE EN AMOUR. DANGER ! DANGER ! DANGER !

Ce n’est pas le manque d’amour qui est la cause de tant de séparations. C’est la négligence dans la relation amoureuse qui conduit trop souvent celle-ci à des échecs. Voilà la conclusion à laquelle j’en suis arrivée après plusieurs années de pratique professionnelle à accompagner des centaines de couples en thérapie.

J’ai régulièrement un petit pincement au cœur quand des couples se séparent et que, de mon point de vue professionnel, je vois en eux encore plein de possibilités. Je le ressens comme un triste gaspillage. Il me semble qu’il y avait encore plein de potentiel. Mais la négligence de ne pas avoir entretenu leur lien amoureux au fil des années les a conduits à ce qu’ils ont perçu comme un cul-de-sac. Étant touchée par ces trop nombreuses situations devant lesquelles je demeure impuissante, j’ai choisi de sortir ma plume (eh oui, j’écris encore à la main) et de partager mes réflexions.

Un des pièges dans les relations amoureuses réside dans nos ATTENTES, que je qualifierais parfois de puériles et d’irréalistes. « Je n’ai plus de papillons dans le ventre quand je le-la regarde ». « La petite flamme n’est plus là ». De ce constat, on peut trop facilement tirer la conclusion que je n’ai plus de sentiments pour l’autre, donc que c’est fini. Comme si on posait une équation : si l’effervescence amoureuse des premiers temps n’est plus aussi intense, il n’y a plus d’amour. GROSSE ILLUSION ! L’amour, c’est bien plus que des sentiments épidermiques qui nous font frissonner. Méprise majeure sur ce qu’est le vrai amour, qui conduit trop souvent des couples à mettre fin prématurément à leur relation. Bien que notre société de consommation favorise le prêt-à-jeter, en matière de couple, la superficialité et l’amour jetable conduisent à bien des détresses et des échecs. Ce sont les papillons qui ont la mission de papillonner.

Toute relation de couple qui n’est pas régulièrement entretenue et nourrie s’expose à de gros risques. L’amour ne va pas de soi. Il ne sera jamais acquis. Pour le maintenir vivant, il exige effort, persévérance et volonté. Tel un feu de camp qui, s’il n’est pas alimenté avec du nouveau bois va s’éteindre, la relation de couple si elle n’est pas nourrie risque de souffrir de famine. Quand on ne prend pas soin de la relation amoureuse, elle est vouée irrémédiablement à la faillite. Les « je t’aime » se font plus rares et sont remplacés par des critiques. Les longues discussions des débuts font place à des silences lourds. Les tensions et les rancœurs s’accumulent. Les chicanes répétées ont succédé aux douces complicités. La télévision a pris la place des belles sorties en couple des premiers temps. Les rapprochements sexuels se font rares. La belle chimie est devenue corrosive.  On s’attaque, se referme, se boude. On s’éloigne émotivement et affectivement. Les paroles incisives et méchantes sont de plus en plus légion. La dynamique est devenue toxique. La guerre est proche.

Il n’y a plus rencontre. Les amoureux d’autrefois sont devenus deux solitudes qui cohabitent ensemble. Deux souffrances qui se blessent mutuellement. Quelle est la cause de ce drame amoureux, dont rien dans les débuts ne laissait présager ce désaveu ? LA NÉGLIGENCE ! (Elle n’explique pas tout, mais elle est un facteur déterminant).

On ne peut pas nier que, dans la vie de tous les jours, il y a le quotidien, la routine, les nombreuses tâches, les multiples « il faut », le manque de temps, la fatigue, la charge des enfants, la belle-mère, le chien, le poisson rouge et tutti quanti. C’est simple mais implacable, si on ne priorise pas la vie de couple, tous ces prétextes vont invariablement prendre le dessus et possiblement mettre en péril les deux tourtereaux.

Que faut-il faire pour nourrir la relation de couple afin qu’elle soit épanouissante et durable ?

D’abord, ne jamais perdre de vue que l’amour est fragile. Très fragile. Qu’il peut être facilement menacé … déserté … détruit. Autant l’amour constitue notre besoin le plus fondamental, autant on est limité par nos blessures affectives et notre immaturité dans notre capacité à aimer vraiment l’autre. C’est facile et tentant de tomber dans la loi du talion : œil pour œil, dent pour dent. « Tu n’as pas répondu à mon besoin, je ne répondrai pas au tien ». « Tu m’as blessé-e, je vais aussi te faire du mal ». Dans cette logique des représailles, où notre côté animal mène le bal, on aime dans la mesure où on est d’abord aimé. Heureusement, il y a notre côté humain, plus évolué et spirituel, où notre COEUR offre le don de l’amour sans compter, car sa nature profonde est bonté et bienveillance. Cette dualité entre le meilleur et le pire de nous, existe à l’intérieur de chaque être humain, et par voie de conséquence, dans l’intimité de chaque couple. On ne peut pas s’en sortir. Tant qu’on ne va pas les affronter et les transformer, nos démons intérieurs vont jalonner et menacer notre vie de couple. (La négligence peut aussi être celle de refuser de faire du travail personnel de guérison sur ses propres blessures d’amour).

Poursuivons notre questionnement. Quels sont les repères pour maintenir bien vivante la connexion amoureuse, pour les siècles et les siècles, AMEN ! ? (Je l’avoue, j’ai peut-être un peu exagéré).

S’ENGAGER. L’amour vrai et profond réclame un engagement sérieux. Pas du bout des lèvres, avec un pied dedans et l’autre prêt à sortir. Il faut s’investir à fond et croire en la relation de toutes les fibres de son être. Ne pas envisager d’abandonner dès que l’adversité se pointe le bout du nez. Persévérer en sachant que les épreuves permettent d’évoluer. Savoir que plus on est engagé, plus on est à la recherche de solutions. Que l’amour qui dure dans le temps est encore plus profond et savoureux. Les « petites vites » en amour nous déshydratent le cœur. L’engagement mutuel procure un précieux sentiment de sécurité dans la relation.

 

MULTIPLIER LES MANIFESTATIONS D’AMOUR, c’est tellement important ! On carbure à se sentir valorisé, reconnu, aimé. Soyez généreux à offrir à l’autre plein de petites attentions, des délicatesses. Des paroles gentilles. Des gestes affectueux. Je peux vous assurer que les couples que j’accompagne en thérapie qui ont négligé de se manifester régulièrement des preuves d’amour sont sur le bord de la défaite. La privation, c’est pour les excès alimentaires et les addictions, pas pour l’amour. On en a tellement besoin !  Utilisez vos corps pour exprimer votre amour et raviver le désir. Ça ne coûte rien et ça rapporte beaucoup. Un regard, une caresse, un massage, de l’intimité sexuelle. Le toucher nourrit la connexion amoureuse. Sortez votre créativité pour exprimer à votre perle précieuse que vous n’auriez pas pu faire un meilleur choix de partenaire ! Et ne perdez pas de vue les différences au niveau de l’amour : les femmes ont besoin de se sentir désirées et les hommes de se sentir valorisés.

 

PARLER, PARLER ET PARLER.  On n’insistera jamais assez, la communication est un des éléments clefs de la qualité d’une relation. Plus la communication est profonde et vraie, plus elle crée une connexion solide entre les partenaires. On peut tout se dire quand l’intention repose sur le respect et l’amour. La complicité amoureuse est à son meilleur quand je peux me déposer avec mes fragilités et révéler ma vulnérabilité, avec la certitude que je vais être accueilli avec douceur et empathie. Cette profondeur d’échange est le signe d’un couple en bonne santé affective et psychologique. S’intéresser réellement à l’autre et l’écouter avec toute notre attention, sans préparer nos arguments pendant que l’autre parle.

 

ACCEPTER LES DIFFÉRENCES est certainement un des grands enjeux dans un couple. Nos ressemblances (Dieu merci, on souhaite qu’il y en ait beaucoup) sont les terrains d’entente faciles et fluides. C’est quand l’autre ne pense pas comme nous, n’agit pas comme nous que cela crée des tensions. Plus l’amour est engagé et profond, plus on va être capable d’accepter les différences de l’autre sans vouloir le-la changer. Pour arriver à cet accueil inconditionnel, pas besoin de vous convaincre que cela demande beaucoup de cheminement et de maturité. Qu’on se le dise, de toute façon, la personne parfaite n’existe pas. Peu importe avec qui on va être, il y aura nécessairement un jeu de négociation, de compromis et d’ajustement. En couple, l’ego est mis à rude épreuve. Il n’a pas le choix de lâcher prise … et de respirer.

 

SE DONNER DU TEMPS DE QUALITÉ. « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait que ta rose est si importante », écrivait St-Exupéry. À travers les exigences de la vie, la marmaille, les responsabilités, il est impératif de se préserver du temps juste en couple. Régulièrement. Une fin de semaine d’amoureux. Un souper au resto. Une escapade en plein air. Développer des projets ensemble. Instaurer un rituel où, à tous les soirs, on prend 20 à 30 minutes juste pour parler ensemble. Vos enfants vont survivre à votre indisponibilité. Votre couple doit devenir une priorité dans la gestion de votre temps. Ne jamais tenir l’autre pour acquis. Sa présence à nos côtés restera éternellement un don et non pas un dû.

GÉRER SAINEMENT LES CONFLITS. Ne pas les fuir. Avec courage et confiance, les affronter, car tous les conflits non réglés deviennent une mare nauséabonde qui empoisonne la relation. Comprendre que la vie de couple comporte de nombreux cycles d’expansion et de rétraction. C’est comme les fluctuations de la bourse … en amour.  Ne pas accumuler les rancœurs et les ressentiments. Ils sont 100% toxiques pour soi-même et pour la relation. Savoir s’exprimer en JE en parlant de soi et éviter les TU accusateurs. Ne jamais tomber dans le dénigrement et la violence verbale et psychologique. Pardonner. Recommencer à neuf.

Bien sûr, ces quelques suggestions pour investir dans la vie à deux ne sont pas exhaustives. Laissez-vous aller, avec votre cœur et votre imagination, pour choisir de vous réinventer dans votre manière d’être en relation ensemble. L’effort en vaut la peine.

La vie de couple est une dimension trop fondamentale de nos existences humaine pour que nous la négligions. Elle mérite qu’on s’y investisse corps et âme, car ça goûte tellement bon !!!

Bon cheminement de couple !

Linda Léveillée

Professionnelle en relation d’aide psychologique

www.lindaleveillee.com

L’art d’accueillir ce qui est – Passer du OU au ET

Passer du OU au ET.

Mystérieux comme sujet d’article. Pourtant, la différence entre ces deux petits mots est tellement fondamentale et profonde au niveau psychique. C’est la différence entre résister et accepter. Entre la fermeture et l’ouverture. Le contrôle et le lâcher-prise. Le NON et le OUI. En fait, ce dont il est question ici, c’est l’art d’accueillir ce qui est … sans a priori, ni jugement.

 

Parce qu’on a une petite tendance, je dirais même une grosse tendance, nous les êtres humains, à adopter une attitude binaire dans notre vision de la vie. Nous raisonnons d’une façon bipolaire. J’aime ou j’haïs. C’est oui ou c’est non. C’est bien ou c’est mal. Comme si la vie se divisait en deux catégories opaques. Le bien et le mal. Le positif et le négatif. Les films de Walt Disney nous ont bien nourris dans cette dichotomie où les personnages sont clairement divisés en deux clans : les bons et les méchants. C’est ainsi qu’on a tendance à classer bien des réalités de la vie dans des catégories qu’on tient en opposition. Nos émotions n’y échappent pas. On a catégorisé qu’il y en a des bonnes et des mauvaises. On valorise les unes et fuit les autres. Pas de problème à ressentir de la joie, du bonheur, de la gratitude et de la légèreté. Mais nous fuyons comme de la peste de nous sentir souffrant, faible, triste et malheureux. En sélectionnant les émotions, que l’on qualifie de positives ou de négatives, on ne réalise pas que l’on tombe dans un piège bien dangereux. Le piège de s’amputer de toute une partie essentielle de son humanité. Piège de refuser de faire face à la réalité. Dans ce déni, on ose même faire de l’ego l’ennemi de l’âme. Le rationnel s’oppose au senti. Le mental au spirituel. La vie est tellement plus vaste, plus complexe et plus globale que ce que Walt Disney nous laisse croire.

 

Nous sommes faits d’ombre et de lumière. Du meilleur et du pire. Ces multiples polarités sont inhérentes à notre condition humaine. Passer du OU au ET réclame d’accueillir tout ce qui est. De laisser cohabiter en nous ce qui, en apparence, a l’air opposé. La tristesse et la joie. La force et la fragilité. La souffrance et le bonheur. Laisser de la place à tout ce qui est là. Sans sélectionner. Sans porter des jugements sur ce qui est bon et ce qui ne l’est pas. Passer d’un mouvement d’exclusion à un mouvement d’inclusion. Donner le droit à tous nos états d’âme et à nos émotions d’exister telles qu’elles sont. Oser habiter tous les recoins de notre être. De la même manière qu’on habite toutes les pièces de sa maison.

 

Dans cette perspective, le mouvement de la pensée positive, si on n’y fait pas attention, devient un leurre. À vouloir être positif à tout prix, on occulte toute une partie de la réalité. On tombe dans le déni et la fuite. On refuse d’affronter nos démons et de faire face à ce qui fait mal. On entre en guerre contre soi. En décidant de contrôler ce qui est acceptable de ce qui ne l’est pas, on se coupe de notre vérité intérieure. Au prix de gros efforts, on fait semblant, mais on a juste ravalé. On n’a rien réglé, on a choisi d’enfouir. On n’a pas pris le temps nécessaire pour accueillir et intégrer. Ce positivisme artificiel va à l’encontre des propos de Scott Peck qui dans son bestseller, Le chemin le mois fréquenté, affirmait d’entrée de jeu que la vie est difficile. Refuser d’admettre cette réalité, c’est jouer à l’autruche. C’est donner raison à Blaise qui constatait l’évidence : « qui veut faire l’ange fait la bête. »

 

Qu’est-ce qui nous amène à avoir tant de difficulté à assumer l’entièreté de la macédoine d’émotions qui nous habite ? Certainement la peur. La peur du jugement des autres. Qu’est-ce qu’on va dire de moi si je me révèle faible, triste et déprimé ? Pour éviter d’être jugé et de répondre à son besoin de plaire et d’être accepté, on joue au jeu de la cachette. Mais ce n’est pas juste avec les autres que l’on joue à la cache-moi-les-émotions, c’est aussi avec soi-même. On refuse de se donner accès à sa tristesse et à sa fragilité de peur qu’elles nous anéantissent. Comme si, à nos yeux, cela augmentait considérablement le danger en menaçant notre fragile écologie psychique, de s’avouer simplement qu’on ne se sent pas bien et qu’on a mal. En réalité, on a peur de perdre le contrôle face à notre souffrance, croyant que celle-ci pourrait dégénérer en tsunami.

 

Si cette stratégie d’évitement des émotions désagréables peut être, à court terme, un camouflage sécurisant, à moyen et à long terme, elle est très corrosive. Ce que l’on n’assume pas, tôt ou tard nous « pètera » en pleine face. En sélectionnant la gamme des émotions que l’on considère acceptables, on se coupe de toute une partie de notre vie intérieure. On vit déconnecté d’une part essentielle de notre expérience humaine. On vit à moitié. Et la moitié qui nous manque fait partie de notre précieux patrimoine psychologique. Je vous l’assure, il est pas mal plus dangereux de conduire sa vie les yeux fermés que les yeux ouverts.

 

Si on ne veut pas vivre coupé et anesthésié de soi, il est impératif d’apprendre à se réconcilier avec tout ce qui vibre en nous. Dans une démarche de pleine conscience, le premier mouvement est d’observer ce qui se passe en soi et de l’accueillir, sans jugement. Faire de la place à tout ce qui est. Embrasser la plénitude de son expérience. Être dans le ET inclusif et non pas dans le OU binaire et exclusif. Respirer avec ce qui est là. Rester présent et laisser exister. Dans cette présence attentive et bienveillante, il y a de fortes chances que l’émotion s’apaise et diminue en intensité. Ce premier mouvement d’accueil inconditionnel à ce qui est permet, dans un deuxième temps, de discerner les attitudes gagnantes à développer et les actions à entreprendre afin de vivre en harmonie avec ses valeurs et le sens de son existence. S’en suit, un travail minutieux de désherbage de ses pensées et croyances malsaines et dysfonctionnelles, qui se retrouvent souvent à l’origine de nos réactions émotives. Ce sera le sujet d’un prochain article : l’art d’accueillir tout ce qui m’habite, en choisissant volontairement ce que je veux nourrir et entretenir.

Pour terminer, je vous propose une image pour illustrer la beauté et la puissance du mouvement d’accueil à ce qui est. Ouvrez grand les bras, comme si vous teniez un gros ballon d’entraînement. Visualisez que ce grand espace ouvert contient et inclut TOUT ce que vous ressentez. TOUS vos états d’âme peuvent cohabiter ensemble. Ils sont tous les bienvenus. Votre cœur, au milieu de cet espace d’accueil inconditionnel diffuse de l’amour à tout ce qui est là. Dans cet espace bienveillant où tout est permis, vous respirez paisiblement dans l’acceptation de ce qui est. Un moment parfait de pure présence !

 

Bonne rencontre avec vos parts d’ombre et de lumière. Les accueillir et les laisser cohabiter dans votre intimité, vous permettra de toucher un sentiment grisant : celui d’être 100 % libre d’exister !!! Sans entrave et sans retenue. Rien à prouver et rien à justifier. Juste ÊTRE !!!

 

Linda Léveillée

Professionnelle en relation d’aide psychologique

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Le coup de foudre est-il de l’amour ?

L’amour, l’amour, toujours l’amour. On en a besoin. On en veut. On en réclame. De notre première minute de vie  jusqu’à notre toute dernière. Certes, il est important de se le rappeler, c’est le besoin le plus fondamental de l’être humain. Sans amour on se dessèche et on déserte sa vie.

Un des grands lieux dans nos existences humaines où nous cherchons l’amour, c’est  la vie de couple. Il s’agit simplement de porter attention aux chansons, à l’art ou la littérature pour réaliser jusqu’à quel point la vie de couple est une expérience où l’amour s’exprime à son paroxysme. Paroxysme qui prend parfois l’allure de l’exaltation intense et de la passion folle, mais aussi celle de la déchéance et de la déchirure. En 2017, on ne peut plus faire fi de cette vérité lapidaire : le couple peut être une occasion privilégiée de bonheur et d’épanouissement, tout autant qu’un lieu de souffrance, de blessure et malheureusement … de haine.

Peut-être qu’un des pièges vient de la vision un peu puérile et idyllique que l’on entretient de la vie de couple où notre imaginaire se nourrit de princesses et de princes qui se marient, sont toujours très heureux et ont … deux merveilleux enfants.

Qu’en est-il du coup de foudre dans les relations amoureuses ? En général, on l’idéalise, on le recherche et on se conforte dans la croyance que le coup de foudre est garant d’une belle histoire d’amour éternelle et sublime. Malheureusement, il semble bien que la réalité soit moins lumineuse que cette perception  plutôt infantile et étroite.

Ma pratique comme professionnelle en relation d’aide auprès des couples m’a amenée à m’intéresser beaucoup à ce sujet au cours des dernières années. Les résultats de mes recherches sur le coup de foudre me conduisent à des conclusions bien prosaïques et  terre-à-terre. Le coup de foudre serait bien plus une affaire d’hormones que de cœur. L’essentiel de ce sentiment, où l’on perd le contrôle de soi, est déclenché par une forte réaction chimique au contact de l’autre. Phénomène qui rend complètement fou, obnubilé et en grande partie aveugle, comme le dit le proverbe populaire au sujet de l’amour. Ce sont donc les hormones, particulièrement les phéromones, qui sont en jeu quand la rencontre de l’autre nous fait totalement chavirer.

En fait, les scientifiques affirment que derrière le coup de foudre et son déclenchement d’hormones,  c’est l’instinct de reproduction de l’être humain qui se joue. De par notre instinct animal, nous sommes génétiquement programmés pour la reproduction. Le coup de foudre serait donc vécu entre des personnes qui sont biologiquement compatibles. Le tout, bien entendu, dans une totale inconscience des protagonistes. Les sens sont extrêmement interpellés dans cette aventure de séduction sexuelle. Particulièrement l’odorat. Ce sens, est semble-t-il, déterminant. Mais aussi le regard, la voix, le premier contact physique, le premier baiser. Toutes ces sensations sont nécessaires au cerveau submergé d’hormones pour détecter la compatibilité génétique afin de répondre à l’instinct reproducteur. En résumé, le cerveau allume le corps au maximum afin qu’il consacre toutes ses ressources à ce ou cette candidat-e idéal-e pour la reproduction.

Voilà pourquoi les gens qui vivent un coup de foudre perdent le nord et sont subjugués par l’autre, même s’ils se connaissent seulement depuis quelques minutes ou quelques heures. Cette rencontre soudaine les projette sur une autre planète où les émotions, les sensations et les désirs sont à leur zénith. Dans cet état d’euphorie, les nouveaux amoureux pensent qu’ils viennent de rencontrer l’amour avec un grand A. En fait, ce qu’ils vivent c’est plutôt d’être possédés par un flot d’hormones incontrôlables.

Ce phénomène d’hormones, nommé le coup de foudre, a pour conséquence de biaiser les perceptions. L’autre de qui on tombe en amour est idéalisé. On le met sur un piédestal. À la limite, on le déifie. En fait, on tombe en amour avec l’amour. Plus particulièrement avec les sensations de l’amour. On est en relation avec l’image mystifiée que l’on s’est construite de l’autre et non pas avec qui il est réellement. On a l’impression d’avoir trouvé l’âme sœur, LA personne parfaite qui nous convient parfaitement.  On baigne dans l’illusion qu’on est pareil et que ces sensations intenses vont durer toute la vie. Sans en être le moindrement conscient, on est plongé dans le festival de l’aveuglement et de la fausse symbiose rassurante.

Mais la réalité de la vie vient rattraper les amoureux aveuglés par leur décharge d’hormones. Après un certain temps (selon les couples, entre six mois et trois ans) on déchante, on se désillusionne. On voit l’autre sous son vrai jour. Avec ses défauts, ses limites et ses fragilités.  Ses différences tout à coup nous sautent aux yeux et deviennent des irritants majeurs. La déception est intense. Les frustrations aussi. Autant au début, on a l’impression d’être au septième ciel, on se retrouve maintenant en enfer. L’amour s’effrite, se bataille et même disparaît, jusqu’à devenir parfois haine et vengeance. On a malheureusement trop dans notre entourage de ces couples qui sont passé d’un extrême à l’autre. Pour ma part, j’assiste à ces déchirures avec impuissance, avec un petit fond de mal de cœur.

Au-delà des hormones, qu’est-ce qui se cache au niveau psychologique derrière le coup de foudre ? De nombreux psychologues en viennent à la conclusion que sous cette fusion totale, où il n’y a plus deux JE qui existent, mais uniquement un NOUS, où les deux entités sont confondues, se cache un grand vide intérieur et un manque affectif à combler. Ce qu’on appelle la dépendance affective. Un mal-être que l’on cherche à faire disparaître dans la fusion illusoire avec l’autre. Enfin, quelqu’un va s’occuper de nous comme lorsque nous étions petits nos parents l’ont fait … ou ne l’ont pas fait. La recherche de ces sensations fortes du début d’une relation manifeste donc une forme importante d’immaturité affective.

Est-ce qu’après le feu de paille hormonal les amoureux peuvent demeurer en amour ? Bien sûr que la réponse est OUI. Mais il semble que statistiquement ces situations sont rares. Pour qu’un couple dure, cela demande de chacun des partenaires une grande maturité affective. C’est-à-dire une capacité d’assumer son individualité et son unicité tout en s’investissant réellement dans la relation. Je ne vous apprendrai rien en vous disant que c’est très exigeant d’aimer. D’aimer l’autre tel qu’il est, sans vouloir le changer. D’aimer l’autre quand on sait tout de lui, ses défauts, ses forces, ses limites. Aimer demande un engagement, un investissement. J’imagine que c’est cela que St-Exupéry a voulu dire : « c’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait que ta rose est si importante ».

À l’heure des réseaux sociaux qui envahissent notre quotidien, où un seul clic suffit à exprimer son J’AIME, la vie de couple se trouve mise à rude épreuve. Dans cette ambiance superficielle et artificielle, on est loin de l’engagement et du don profond de l’amour.  De fait au Québec, on se marie de moins en moins et on se sépare de plus en plus rapidement. Autant la vie de couple offre des possibilités exceptionnelles d’épanouissement, autant elle demeure un défi colossal pour chaque homme et chaque femme qui s’y aventure.

Peut-être le coup de foudre doit-il d’abord avoir lieu à l’égard de soi-même afin que l’amour que l’on a pour soi, soit suffisamment solide et vivant pour qu’il devienne garant de la beauté et de la profondeur de l’amour que l’on peut offrir à l’autre ?

Linda Léveillée
Professionnelle en relation d’aide psychologique

Ma liberté, je la veux ! Mais, est-ce que je l’ai ?

Je m’offre le plaisir d’aborder un sujet qui m’est très cher: LA LIBERTÉ. En fait, plus précisément, la liberté d’être soi-même. Quel grand défi ! On veut tous être libre. Libre de choisir ce qui nous convient pour gérer notre vie à notre goût. Libre de vivre comme on en a envie et d’être soi-même. Pour rien au monde, on ne veut se sentir limité, emprisonné, restreint dans nos choix et notre mouvement de vie. Et pourtant, sommes-nous aussi libres que nous le prétendons ? Je vous invite à un petit moment d’introspection et de vérité pour vous situer face à cette question déterminante.

Je vous propose un petit questionnaire maison, de type intuitif et artisanal, pour vous permettre d’évaluer où vous en êtes rendus dans la conquête de votre liberté personnelle.
0 = Jamais – Pas du tout important
10 = Tout le temps – Très important

Quelle importance j’accorde à mon besoin de plaire et de séduire ?
Je m’exprime et j’agis en fonction de mes besoins et de ce que je ressens en moi.

Quelle importance j’accorde aux regards et aux commentaires que les autres portent sur moi ?
Quelle est ma capacité à prendre ma place, à m’affirmer, à mettre mes limites et à dire NON ?
Quelle importance j’accorde à mon image ?
J’apprécie d’être unique, original-e et de développer un style bien à moi et mes propres valeurs.
Quelles places prennent les peurs dans ma vie ?
Peu importe les circonstances, je suis capable d’être vrai-e et authentique face à moi-même et face aux autres.
Quelle importance j’accorde à ce que je possède ?
Quelle est ma capacité de reconnaître ma valeur fondamentale et de croire que je suis aimable ?
Quelle importance j’accorde à faire ce que l’on attend de moi et à me conformer ?

Voici quelques pistes pour analyser vos réponses. Pour les questions impaires, plus les réponses sont élevées, plus je suis à risque d’être dépossédé-e de ma liberté et de la confier aux autres. Pour les questions paires, des réponses élevées démontrent que je suis sur la bonne route dans la conquête de ma liberté personnelle.
Il faut bien l’avouer, je défi d’être pleinement libre d’être soi-même est colossal, car les pièges dans lesquels on peut s’emprisonner sont très nombreux. Et, très souvent ces pièges ne viennent pas de l’extérieur, mais de notre propre mouvement intérieur. Les prisons sont en nous. En voici quelques exemples.
-Nos habitudes rigides.
-Nos croyances limitatives.
-Nos blessures non guéries qui nous empoisonnent encore la vie.
-Notre égo qui aime se nourrir de paraître, d’avoir et de pouvoir.
-Nos manques d’estime de nous-mêmes et nos petites voix polluantes qui nous rabaissent.
-Nos racoins d’ombres et d’inconsciences où nous y avons logé nos « bibittes ».
-Nos espaces de frustration, de rancœur et de haine.

Et la liste pourrait s’allonger encore et encore. Il y a tant de facteurs dans lesquels, si on ne prend pas garde, où l’on peut s’enliser et se perdre. Se retrouver à l’étroit et étriqué à l’intérieur de soi-même. Comme si on portait un vêtement trop petit pour nous. Un vêtement qui nous enferme dans des manières d’être malsaines qui nous rapetissent et nous font perdre la pleine mesure de qui on est réellement.

Devenir 100% libre d’être soi-même, est le fruit d’un long travail sur soi. Un travail de libération, de transformation, de guérison et parfois même de décapage afin d’enlever une à une toutes les pelures qui masquent notre essence profonde. Pour retrouver sous les couches de blessures, d’adaptations et de conformismes, la connexion spirituelle à notre âme. Devenir pleinement libre d’être soi-même, unique et singulier-ière, c’est la conquête de toute une vie, car cela ne sera jamais acquis une fois pour toutes. Chaque nouvelle étape et chaque nouveau défi de notre existence seront une invitation à être toujours plus profondément fidèle au sens de notre existence et à ce que nous sommes venus accomplir sur terre.
Dans ce beau et exigeant processus de connexion à son essence divine, je vous propose 7 repères.

Faire un grand ménage dans son enfance et son passé. Non pas pour critiquer ses parents et les gens qui ont été présents dans notre éducation, mais pour prendre une distance nécessaire afin de choisir son héritage. Qu’est-ce que je veux garder et chérir de ce que j’ai reçu et par le fait même, qu’est-ce qui m’apparaît comme un bagage trop lourd et nuisible à porter sur ma route de vie et que je dois larguer pour devenir vraiment libre d’être qui je suis.

N’est libre que la personne qui a fait un grand ménage dans son passé.

Vivre sa vie en fonction de son âme plutôt que de son ego. Non pas que notre personnalité soit mauvaise, mais elle doit être au service de ce qu’il y a de plus beau et de plus grand en nous. Choisir d’ÊTRE plutôt que de faire et d’avoir. Notre essence est spirituelle. Notre existence est divine. Notre respiration est sacrée.
N’est libre que la personne qui est connectée à son âme.

Dans une culture où le mensonge est toléré, voire même socialement valorisé, le défi de la vérité devient un enjeu crucial dans l’expression de sa liberté. L’Évangile n’affirmait t-il pas il y a deux mille ans, que la vérité nous rend libres. Avec courage et conviction, il faut oser être vrai et authentique autant face à soi-même que face aux autres. C’est non négociable !
N’est libre que la personne qui choisit d’être vraie et authentique.

Penser et agir en fonction de son propre mouvement intérieur et non pas en fonction de l’extérieur. Il est nécessaire de ne pas perdre de vue que la liberté d’être soi-même est essentiellement un processus intime, de soi à soi. La liberté prend d’abord forme à l’intérieur de soi et c’est ensuite qu’elle s’incarne et se matérialise à l’extérieur. Non pas l’inverse.
N’est libre que la personne qui vit sa liberté de l’intérieur.

Un incontournable dans la conquête de sa liberté, c’est de s’aimer. Pas juste un peu. Pas juste beaucoup. Mais passionnément ! De s’aimer tel-le qu’on est. D’honorer tant dans ses espaces de lumières que d’ombres. D’avoir pour soi un solide sentiment d’estime et de sa valeur. Plus je m’aime, plus je suis libre face à l’amour … et plus je m’éloigne des prisons de la dépendance affective.

N’est libre que la personne qui s’aime avec bienveillance.

La vie étant par définition mouvement, la liberté vient avec une grande capacité de se remettre en question, de changer, d’évoluer. Tout ce qui est trop rigide, sclérosé, déterminé de toute éternité emprisonne la vie.

N’est libre que la personne qui sait rire d’elle-même et se remettre en question.

Mon dernier repère est probablement le plus incisif et le plus radical : ÊTRE SOURCE D’AMOUR. Il n’y a que l’amour qui rend libre. Il n’y a que la bienveillance et le pardon qui humanisent. Il n’y a que nos gestes d’amour qui restent et donnent sens à nos existences. Tout le reste est éphémère.

N’est libre que la personne qui est source d’amour !

OUI, MA LIBERTÉ, JE LA VEUX !!!

Linda Léveillée

DES ADOS … ADORABLES!

Oui, vous avez bien lu le titre: DES ADOS … ADORABLES ! D’entrée de jeu, j’affiche mon parti pris, les ados, je les trouve ADO … RABLES. Laissez-moi vous partager le regard d’émerveillement et de fascination qui m’habite par rapport à l’adolescence. C’est tellement une période riche, unique et précieuse dans la vie d’un être humain. Une étape courte, mais intense. Une période déterminante, dans le sens où, qui nous sommes et ce que nous vivons à l’adolescence va colorer profondément l’adulte que nous allons devenir. L’adolescence est une période de transition, un entre deux, situé entre l’innocence et la naïveté de l’enfance et la réalité de la vie d’adulte avec toutes les responsabilités qu’elle implique.

Dans cet entre deux, les ados ont une mission très importante à accomplir : se définir, se découvrir et s’affirmer. Ils ont devant eux un univers à construire : leur monde intérieur, leur personnalité, leurs valeurs, leurs rêves, leurs goûts, leur style, etc … L’adolescence, c’est l’affirmation fondamentale du J’EXISTE ! Un J’EXISTE, qui pour être authentique, se doit d’être unique, personnalisé et nécessairement différencié des parents. Tout un défi à relever !

Ce que je trouve de beau chez les ados, c’est leur bouillonnement de vie, leur pétillement, leur vitalité. Leur quête d’identité les amène à être des assoiffés d’authenticité et d’intensité. Ils sont en pleine expansion de leur être, à la recherche de leur espace, tant intérieur qu’extérieur.

Bien vivre son adolescence permet de se lancer gagnant dans la vie. Mais qu’est-ce que cela veut dire bien vivre son adolescence ? C’est d’abord posséder cette profonde conviction que l’adolescence est une période riche, belle et précieuse. À la poubelle la vision négative et stéréotypée que les ados sont des lâches, des drogués et en CRISE. Je ne dis pas qu’il y a un petit pourcentage qui passe par ce chemin douloureux et difficile, mais il faut bien se le redire, c’est une minorité.

L’adolescence est la période par excellence pour explorer et expérimenter. Se définir, se découvrir, se connaître. Dans cette quête de soi-même, à la découverte de qui on est vraiment, quelle belle occasion s’offre à eux d’expérimenter une multitude d’activités ( sportives, musicales, artistiques, amicales, familiales, etc …). C’est à travers ces expérimentations nécessaires et révélatrices d’identités que le jeune précise qui il est et par le fait même qui il n’est pas.

Vraiment, le bouillonnement de vie des ados me fascine et me séduit. Ils sont débordants de vie. L’image qui représente le mieux comment je les perçois, c’est une fontaine d’eau à la fois puissante et douce. Dans leur manière d’être, ils incarnent bien les interpellations du message de l’Évangile : Je suis venu pour que vous ayez la vie et que vous l’ayez en abondance. Et de la vie en abondance, ils en mangent ( au sens propre et figuré ).

Vous le sentez très bien derrière mes propos radicalement engagés du côté des ados, que je suis très loin de la formulation classique : la crise de l’adolescence. Bien sûr, les ados ne sont pas toujours reposants. C’est qu’ils ont l’art de flairer ce qui ne tourne pas rond chez nous, nos incohérences et les contradictions entre nos paroles et nos agir. Leurs confrontations ( pas toujours délicates, je le reconnais ) nous déstabilisent, nous bousculent et nous font parfois, pour ne pas être en contact avec ce qu’il y a de fragile et de blessé en nous, nous braquer encore davantage dans des positions rigides. Ce qui a pour effet, en général, de mettre encore plus d’huile sur le feu. En fait, si j’ose vous partager le fond de ma pensée, je me demande parfois qui sont en crise, les ados ou les adultes ?

Ainsi, les ados nous invitent à tourner notre regard vers nous-mêmes et à entreprendre un petit ménage intérieur. Et cela demande énormément d’humilité et de maturité pour accepter que ce soit nos chers ados … rables qui vont nous aider à continuer d’évoluer, de grandir et de guérir. Leur cheminement vers plus de vie et le meilleur d’eux-mêmes nous invite nous aussi à nous mettre en route et à cheminer.

Qu’est-ce que l’on peut faire comme parent ou comme adulte pour accompagner les ados dans leur quête d’eux-mêmes ? La meilleure chose que l’on puisse leur offrir, c’est qu’ils retrouvent devant eux des adultes solides, authentiques et significatifs. Des adultes cohérents, assez solides pour se laisser confronter en discernant les situations où il faut parfois réagir avec souplesse et parfois avec fermeté, selon les circonstances. Plus les ados vont sentir les adultes solides intérieurement, bien enracinés dans leur propre mouvement de vie, en fidélité avec leur vérité personnelle, plus nous allons être pour eux des guides et des modèles. Rappelons-nous que si les ados ont l’art de flairer nos incohérences et de nous les mettre en pleine face, ils ont aussi une grande sensibilité à apprécier notre authenticité et notre humanité ( c’est-à-dire, l’être humain que nous sommes devenus au fil de nos propres quêtes et conquêtes personnelles ).

Même si les ados sont au cœur d’un processus naturel et sain de se détacher de leurs parents et de s’attacher à leurs pairs, ils ont encore un grand besoin que l’on soit là à leurs côtés afin de les accompagner à conquérir, tout doucement, leur liberté et leur autonomie. Malgré les apparences, n’en doutez pas, vos ados … rables ont encore besoin de vous. De votre présence, de votre soutien, de votre écoute et de votre amour inconditionnel. C’est de votre qualité de présence et d’amour qu’ils s’alimentent afin de devenir pleinement eux-mêmes.

Normalement, j’ai une petite censure à donner des conseils, mais je fais une petite entorse à mes principes et je vous partage une réflexion qui me vient des propos que j’entends trop souvent des ados … rables. Ils déplorent et souffrent que leurs parents passent peu de temps avec eux et qu’ils ne s’intéressent pas vraiment à ce qu’ils vivent. Ils me partagent avec désolation que c’est très rare qu’ils ont la possibilité de parler en vérité, de cœur à cœur avec leurs parents. Je vous invite donc à vous réserver régulièrement des temps de qualité avec votre ado. En famille, mais aussi en tête-à-tête ( un repas au resto, une activité sportive, une escapade touristique, écouter SA musique, parler des heures, etc .) Continuez de développer un lien privilégié avec votre ado. Un lien de complicité. Pas dans une énergie d’autorité, de jugement, de moi dans mon temps, ou de il faut que tu comprennes que … mais dans une attitude de plaisir et de désir de se faire proche et de se mettre dans sa peau. Il est important de comprendre et d’accepter que votre rôle de parent a beaucoup changé comparé à l’enfance, mais que votre nouveau rôle est tout aussi important. Ils ont besoin que vous soyez des piliers solides et aimants, pour les soutenir dans cette étape essentielle et délicate de leur vie humaine. En résumé, ils ont besoin que vous les regardiez encore avec admiration et que vous les trouviez vraiment ADO … RABLES.

Linda Léveillée

Nos enfants nous font évoluer spirituellement

C’est avec simplicité et une certaine dose d’humilité que je vous partage mes réflexions sur l’immense privilège que nous avons d’accompagner nos enfants sur leur route de vie. D’entrée de jeu, j’affiche mes couleurs : nos enfants nous offrent, de par notre rôle de parent, des occasions exceptionnelles d’évoluer spirituellement et de devenir de meilleures personnes.

Donner naissance à un enfant ! Y a-t-il quelque chose de plus grand, de plus puissant, de plus magique que l’on peut vivre? Je crois que poser la question, c’est y répondre. À mon avis, il n’y a rien de plus sacré au monde. C’est l’ultime geste créateur que l’on peut poser comme être humain. Nous avons le pouvoir, entre nos mains, ou plutôt, dans nos corps, de créer la vie. Quel immense privilège et quelle responsabilité vertigineuse cela nous confère! Nous avons le pouvoir de créer une nouvelle vie. WOW ! J’oserais affirmer que dans ce geste créateur, nous ressemblons à Dieu ! Nous avons, nous aussi, hérité du cadeau inouï de créer la vie.

De toute notre existence, aucun engagement n’aura autant d’intensité et de conséquences que celui de donner naissance à un nouvel être humain. C’est la responsabilité la plus exigeante et la plus déterminante que l’on aura à assumer de toute notre vie. Aucun autre engagement ne lui est comparable. En donnant vie à un enfant, je pose un geste ultimement sacré, qui me fait ressembler à Dieu, et ce pouvoir créateur m’engage moi et la petite vie à naître pour … l’éternité ! Vraiment impressionnant ! C’est de la vie avec un grand V dont il est question ! Et de l’amour avec un grand A. Juste à prendre conscience de cette extraordinaire réalité, je ressens toute cette énergie sacrée. Elle me touche. Elle m’émeut. Elle m’émerveille.

S’il n’y a rien de plus beau et de plus grand au monde que de donner vie à un enfant, c’est important de vivre cette expérience avec le maximum de conscience et d’amour. En fait, c’est tout ce qui entoure le processus de création qui sort complètement de l’ordinaire de la vie. La relation sexuelle, la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, les premiers mois (ou l’adoption, si c’est le cas) les premières années, l’enfance, l’adolescente et jusqu’à la vie adulte. Car la vie est sacrée. En être pleinement conscient, c’est tout faire pour la PROTÉGER, l’HONORER et la CÉLÉBRER. Pour nos enfants, bien entendu, mais aussi pour nous comme parents.

Et justement, quel est notre rôle de parent ? Offrir à nos enfants un AMOUR INCONDITIONNEL, jour après jour, dans chacune des situations et à chacune des étapes de leur vie. Les aimer tels qu’ils sont et non pas tels que nous voudrions qu’ils soient. Leur donner le droit d’être qui ils sont, dans toute leur unicité et leurs différences. Leurs couleurs et leurs vibrations propres. Être fiers de nos enfants et leur offrir inlassablement un regard d’émerveillement. Les protéger, les aider à grandir, les guider dans leur cheminement jusqu’à ce qu’ils soient prêts à s’élancer sur leur propre chemin de vie. Je me souviens, lorsque j’ai fait ma formation comme psychothérapeute, qu’on nous répétait invariablement à chacune des rencontres que le besoin le plus important de l’être humain c’est d’être vu, entendu, reconnu et aimé. Voilà ce que nous devons offrir inconditionnellement à nos enfants. Être là pour eux. Pour leur révéler l’immensité de la Beauté et de la Grandeur qui les habitent. Pour honorer la Grâce et la Lumière dont ils sont porteurs. Pour leur rappeler que leur Souffle est d’origine Divine.

Mais, faut-il l’avouer, malgré la dimension sacrée de la vie de nos chefs-d’œuvre, la relation parent-enfant n’est pas toujours facile. Pas plus d’ailleurs que la relation de couple. Pourquoi ? Parce que nous partageons le quotidien ensemble, nous vivons dans la même intimité. Par cette promiscuité du vivre-ensemble, nous sommes inévitablement confrontés au meilleur et au pire de nous-mêmes …. et de l’autre. Dans ce contexte de la vie commune, les heurts, les crises, les confrontations et les ajustements sont inévitables. C’est ici que notre métier de parent peut devenir difficile, confrontant et parfois même décapant. C’est précisément ici que la relation parent-enfant nous offre de grandes possibilités d’évoluer, de grandir et de cheminer. Car, je le répète, on exerce notre fonction de parent avec le meilleur et le pire de soi-même. On est parent avec tout notre amour, notre force et nos valeurs, mais aussi avec nos peurs, nos fragilités, nos limites et nos blessures. Cohabitent en nous ombres et lumières et c’est, entre autres, à ce niveau que nos enfants nous permettent d’évoluer. Ils sont des miroirs de nos états d’âme. Dans ce sens, ils nous HUMANISENT. Ils nous retournent à nous-mêmes. Ils nous permettent encore plus de développer notre conscience et notre capacité à nous remettre en question. Il n’y a pas que nos enfants qui grandissent, nous aussi. Être parent, c’est aussi s’accompagner dans les profondeurs de son être, de son authenticité, de sa propre humanité. Ce travail sur soi est extrêmement précieux et déterminant dans la relation que nous créons avec nos enfants. Car, il faut bien le dire, nos enfants retiennent de nous pas tant nos discours et notre bla-bla que ce que nous dégageons : notre cohérence et notre authenticité. La qualité de notre présence et de notre amour. Le métier de parent nous interpelle d’abord et avant tout au niveau d’un savoir-être. Et c’est au cœur de ce savoir-être que nous allons nous inspirer pour développer notre savoir-faire. Dans le cadre de la relation avec nos enfants, cette maxime s’applique à 100% : Ce que tu es parle si fort, qu’on entend plus ce que tu dis.

Les vingt années que nous passons à accompagner nos enfants, nous ramènent à l’essentiel. Prendre soin, avec toute la force de son âme de la relation d’amour inconditionnelle. De toute évidence, si nous sommes venus sur terre pour évoluer spirituellement, nos enfants jouent un rôle fondamental à cette évolution !

HOMMAGE À MES DEUX FISTONS

Je termine cet article avec un hommage à mes deux fistons, Philippe 21 ans et Emmanuel 17 ans. Depuis votre naissance et jusqu’à aujourd’hui, vous avez été une bénédiction dans ma vie. Que de bonheur j’ai eu à vous accompagner sur votre route de vie ! Que de complicité nous avons créée ensemble. Mais aussi, que de chicanes et de mises au point nous avons eues à faire, qui parfois vous sont apparues interminables. Avec toutes mes forces et mes limites, j’ai énormément aimé être votre mère. Mon expérience de maternité avec vous deux m’a grandement permis de grandir et d’évoluer. Vous avez été exactement les deux fistons parfaits qu’il me fallait pour guérir de profondes blessures de mon enfance. Je peux sincèrement dire que grâce à votre passage dans ma vie, je suis devenue plus épanouie, plus aimante et plus entière. Une meilleure personne. En fait, plus profondément humaine.

Je vous demande pardon si je n’ai pas toujours su honorer votre unicité et le sacré de la vie qui vous habite. J’ai fait de mon mieux avec ce que j’étais capable de vous offrir. Vous le savez, je partais de loin pour devenir une bonne mère. Le défi était colossal. De tout ce que j’ai accompli dans ma vie, je n’aurai jamais de plus belle réussite que la relation d’amour que j’ai créé avec toi Philippe et avec toi Emmanuel. Vous êtes ma plus grande fierté.

Dans cette nouvelle étape, qui me demande présentement beaucoup d’adaptation, où vous avez quitté la maison pour des études collégiales et universitaires, je suis très consciente que j’ai encore une autre fois une belle opportunité d’évoluer en expérimentant que mon amour maternel rime maintenant avec détachement et liberté. Si mon rôle de mère prend désormais une saveur différente, l’ouverture de mon cœur demeure totale et je ne me lasserai jamais de vous offrir ce regard d’émerveillement qui m’a tant comblée. Si vous m’avez demandé des milliers de fois quand vous étiez petits : Regarde-moi maman, pour que je sois complice de vos multiples prouesses, maintenant que vous êtes grands, vous n’avez plus à me demander de vous regarder. Mais sachez que mon regard sur vous deux sera à tout jamais empreint de cette profonde complicité aimante de mon cœur de maman. Merci du fond du cœur, Emmanuel et Philippe d’avoir été et d’être encore sur ma route de vie des CADEAUX !

P.S : Mes deux fistons vont découvrir et lire cet article en même temps que vous.

Linda Léveillée