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Conjuguer Avoir et Être

Je vous propose un petit exercice d’introspection juste pour le plaisir de mettre des mots sur vos priorités en répondant à cette question : qu’est-ce que je désire ardemment dans ma vie, à quoi est-ce que j’aspire profondément ? Si mon intuition est juste et que je ne suis pas trop dans le champ de patate, votre réponse risque de ressembler un peu à ceci : je veux le bonheur, être plus heureux, plus heureuse, avoir des belles relations aimantes et épanouissantes et vivre ma vie avec beaucoup de passion et d’amour !

Maintenant, je vous invite à vous poser une deuxième question : à quoi est-ce que je consacre la majeure partie de mon temps et de mes énergies quotidiennement ? Il y a de fortes chances que votre réponse diffère un peu, peut-être même beaucoup, de ce que vous venez de répondre concernant vos aspirations les plus profondes.

Surtout, ne vous culpabilisez pas et ne prenez pas un rendez-vous en thérapie immédiatement ! C’est normal qu’il y ait un contraste entre nos rêves et la réalité. On se sent souvent coincé entre l’urgent et l’essentiel. Entre ce que j’ai à faire et ce que je veux être. Entre les multiples obligations et ce dont j’ai le goût. La liste de nos IL FAUT et des responsabilités quotidiennes est tellement longue qu’il ne reste parfois plus beaucoup de temps pour les questions fondamentales. Ce qui a pour conséquence qu’on finit par vivre en automates, sans trop se poser de questions.

Bien que cette dichotomie soit très fréquente, elle n’en demeure pas moins inconfortable. Ce décalage peut devenir inquiétant. Qu’est-ce qui se cache derrière l’écart entre nos aspirations et la réalité ? J’esquisse avec vous quelques réflexions. À vous de voir ce qui vous interpelle et vous inspire.

Il me semble qu’un des pièges dans lequel on se retrouve coincé, entre autres, est celui des mirages de notre société de consommation. Si on n’y prend pas garde, on est happé par toute la publicité qui a pour stratégie délibérée, et je dirais même viciée, d’associer dans notre cerveau produits de consommation et le BONHEUR. Quelle tentation … tentante ! On tombe facilement dans le panneau, car c’est précisément au BONHEUR que l’on aspire fondamentalement. Alors, on devient absolument convaincu que l’on a besoin de posséder telle ou telle chose pour être heureux. Si on n’y prend pas garde,  ce besoin de consommer  finit lui-même par nous posséder. Et nous voilà pris dans le piège de la consommation. La période des fêtes en est certainement un des moments le plus orgiaque de l’année.

Le drame, c’est que pour consommer toujours plus, l’homo sapiens est en train de CONSUMER la terre, de la dépouiller de ses ressources. Quel paradoxe ! On consomme pour se sentir plus vivant, sans réaliser qu’on est en train de tuer la VIE sur la terre. Pas toujours sage et intelligent ces humains !

Pourquoi est-ce si facile de se faire prendre par le mirage de la consommation ? C’est que cela touche à un de nos besoins les plus fondamentaux : sentir que l’on a de la valeur et que notre existence est précieuse. De là, il ne reste qu’un pas à franchir pour sentir que l’on existe quand notre vie est remplie (de matériels ou d’activités). Consommer nous permet de nous sentir VIVANTS ! Ou, devrais-je plutôt dire, consommer nous permet d’entretenir l’illusion que nous existons et que nous sommes vivants.

Paradoxalement, ce style de vie centré sur l’avoir et le faire nous laisse vide. On s’est rempli, mais de faux, d’inconscience, de « je fais comme tout le monde pour ne pas me sentir exclu ». Subtilement, cette déconnexion du sacré de la vie et du sens de l’existence entraîne une survalorisation de l’ego au détriment de l’âme.  Ce vide intérieur laisse place en nous à un grand besoin de remplissage. Et le remplissage-consommation est tellement facile aujourd’hui : un petit clic sur le Web, des centres d’achat partout, la facilité des cartes de crédit, la comparaison avec les voisins gonflables, etc… Dur, dur de résister à ces tentations omniprésentes. Difficile, dans ce contexte de compensations artificielles si accessibles, de trouver un équilibre entre AVOIR et ÊTRE. Difficile de cultiver son monde intérieur, ses valeurs profondes et la connexion à son être intime quand l’environnement quotidien déborde de superficialité, d’images fausses et d’inconscience. Si notre mouvement d’affirmer la beauté et la grandeur de notre existence est réellement un besoin vrai et profond, la façon d’y répondre elle, s’apparente à un piège, à une prison que l’on s’est fabriquée collectivement.

Comment sortir de ce cercle vicieux ? Je vous propose un exercice qui pourrait peut-être vous aider. Arrêtez-vous maintenant de lire cet article. Fermez les yeux et pensez à deux ou trois souvenirs de bonheur qui vous sont chers.

Maintenant que vous avez ces souvenirs en tête, je vous convie à une petite réflexion. De quoi sont faits vos plus beaux souvenirs ? Quelle est leur saveur émotive ? Il y a fort à parier que cela concerne de beaux moments que vous avez partagés avec des gens que vous aimez. Que vos beaux souvenirs sont davantage reliés à des moments de grande émotion et de connexion  humaine plutôt qu’à ce que vous possédez. À des moments de paix, de plénitude et d’amour. Ai-je raison ?

Le bonheur ne s’achète pas, on le sait.  Il se vit, se ressent. En fait, il se construit à chaque instant présent. L’essentiel est invisible pour les yeux, nous disait jadis St-Exupéry. En 2017, c’est plus vrai que jamais. Et cet essentiel nous est accessible dans l’ici et maintenant. Je me ferme  les yeux, je respire, je rentre en moi, je sens la vie qui vibre et je me remplis de présence, de quiétude et de gratitude.

Je ne suis pas linguiste, mais comme professionnelle en relation d’aide, je suis convaincue que l’on peut conjuguer AVOIR et ÊTRE afin de donner à sa vie un meilleur équilibre, plus de sens et, surtout, plus de vibration de bonheur et d’amour. Plus on vit de ces moments où il n’y a rien à faire, juste à être là, à se déposer dans la magie de la vie, telle qu’elle nous est offerte à cet instant présent, plus on devient un récidiviste qui veut goûter, encore et encore à cette plénitude d’être !

Linda Léveillée
Professionnelle en relation d’aide psychologique

La spiritualité de la vaisselle

SPIRITUALITÉ ET VAISSELLE, voilà bien deux concepts que l’on n’est pas porté à associer ensemble. On aurait même plutôt tendance à les opposer. La spiritualité étant de l’ordre des choses supérieures, évoluées et intérieures tandis que la vaisselle appartient à la réalité quotidienne bien ordinaire (pour ne pas dire plate) de la vie. En plus, il faut bien l’avouer, la tradition judéo-chrétienne a malheureusement cristallisé cette dichotomie en opposant vigoureusement la vie spirituelle et la vie matérielle.

Pourtant, on peut tellement voir et surtout vivre les choses autrement. Et si on osait réinventer notre vision de la spiritualité … et aussi celle de la vaisselle. C’est à cette aventure audacieuse que je vous convie.

Si on associe spontanément la spiritualité à des gestes précis comme prier, méditer ou participer à des célébrations religieuses, on y gagnerait à développer une vision plus large et plus englobante qui inclut l’ensemble des dimensions humaines de la vie.

En fait, tout ce qui nous HUMANISE est spirituel. C’est-à-dire, tout ce qui nous permet de devenir plus pleinement humain. Dans cette perspective, je vous propose trois critères pour authentifier une démarche spirituelle. Est-ce que cela me rend plus humain ? Plus aimant? Plus vivant? Lapidaire comme questionnement, mais une spiritualité déconnectée de la vie n’a de spirituel que le nom !

Ainsi, tout ce qui concerne la vie et l’humain est profondément spirituel. Dans ce sens, la spiritualité s’exprime au cœur du quotidien de la vie. En préparant les repas, en passant la balayeuse, en déneigeant la cour, en jouant avec les enfants, en gagnant son pain quotidien, en …

Une spiritualité bien incarnée, c’est SACRALISER le quotidien. C’est transformer les petites choses ordinaires en moments précieux. Si on s’y arrête sérieusement, on se rend compte que la majeure partie de notre vie se déroule dans le quotidien. Se lever, s’habiller, travailler, étudier, faire la vaisselle, aller à l’épicerie, payer les comptes, faire de l’exercice, se raconter nos journées, répondre à nos courriels, naviguer sur Facebook, etc. Même les fins de semaine, qui se vivent un peu en-dehors de la routine du quotidien, il reste des tâches à faire entre quelques descentes de ski et les émissions de télévision à regarder.

Alors, tant qu’à passer autant de temps dans le  routine de la vie, pourquoi ne pas choisir volontairement d’y donner plus de SENS. De rendre le quotidien davantage SACRÉ. C’est là notre défi : sacraliser la vie de tous les jours. Autant nos « il faut que », les tâches qui nous font parfois soupirer et nos situations stressantes que nos moments de bonheur et de légèreté. En arriver à acquérir une conscience aiguë que la vie est toute là, à chaque instant, même dans la vaisselle à laver. La vie n’est pas ailleurs que dans l’ici et maintenant de la vie de tous les jours. Elle n’est pas seulement au rendez-vous le vendredi soir au restaurant ou sur une plage dans le Sud.

Une spiritualité bien incarnée, c’est vivre le quotidien de la vie avec encore plus de présence et de conscience.

Une spiritualité bien incarnée, c’est sacraliser l’instant présent pour que l’ordinaire devienne extraordinaire.

Une spiritualité bien incarnée, c’est chercher à devenir une meilleure personne, plus aimante, plus vivante, plus heureuse, et ce, jour après jour.

Une spiritualité bien incarnée, c’est saisir toutes les occasions que nous offre la vie pour grandir et évoluer en prenant bien soin de se connecter à son âme et aux profondeurs de son être.

Oui, une spiritualité incarnée, c’est faire l’amour avec la vie … et aussi avec la vaisselle.

Linda Léveillée

Choisir la joie de vivre

Quel beau titre d’article ! Choisir la joie de vivre ! Inspirant. Invitant. Mais … mais … Il y a un petit quelque chose qui accroche. Pourquoi le verbe choisir ? Pourquoi ne pas simplement intituler l’article : La joie de vivre ! Ce serait vraiment suffisant. Qu’est-ce qu’un verbe d’action aussi exigeant que choisir fait avec la joie de vivre ?

La vérité, c’est que nous avons tous au plus profond de nous ce désir de vivre intensément, d’être heureux, de savourer l’instant présent. Mais la réalité quotidienne de la vie, avec tous ses  il faut que, ses contraintes et ses obligations, sans parler des problèmes et de la souffrance qui nous collent parfois à la peau, nous éloignent trop souvent de ce à quoi nous aspirons le plus : le bonheur, la joie, la vie en plénitude.

En plus, il faut bien se le redire, notre société d’hyperconsommation ne favorise pas le contact profond et authentique avec soi-même, ni avec les autres. Quand le meilleur de notre énergie est investi à posséder, à se divertir (genre fuir), à se comparer, à nourrir son image, on s’éloigne un tantinet (pour ne pas dire terriblement) de son aspiration à une vie vraie et heureuse. À vrai dire, si on ne fait pas attention, on peut se perdre de vue et se déconnecter de ce qu’il y a de plus beau et de plus grand en nous. On se coupe de son âme.

Voilà pourquoi le titre de l’article commence par le verbe choisir. On peut délibérément choisir de cultiver le bonheur, les petites joies du quotidien qui nous permettent de faire vibrer et respirer nos vies. Nos vies trop souvent remplies par des choses urgentes à faire au détriment de l’essentiel.

Comment arriver à cette qualité de joie intérieure qui nous fait non seulement savourer le plaisir de vivre mais aussi ressentir la joie d’exister ? Le pur bonheur d’être ? D’abord, il s’agit de chérir et d’entretenir, le plus souvent possible, des moments de présence à la vie. C’est au fil de ces petits moments sacrés et de nos respirations conscientes, vécus avec authenticité et simplicité que s’enracine en nous notre aptitude à la joie d’exister. À une joie plus profonde que les événements extérieurs de notre vie. À une joie qui n’est pas tant reliée à ce que l’on fait mais qu’à ce que l’on est.

Que diriez-vous de mettre à votre agenda, à chaque jour, un petit moment de joie de vivre, juste pour le plaisir de faire respirer votre vie et de lui donner du souffle ? Choisissez ce qui vous convient et ce qui vous nourrit. En voici quelques exemples : prendre un belle marche, passer du bon temps en famille ou avec un ou une ami-e, jouer avec ses enfants, relever un nouveau défi, mettre à profit ses talents, relaxer, méditer, se connecter à son âme, prendre trois bonnes respirations en rendant grâce, etc …

Oui, la joie de vivre peut être un choix conscient et volontaire .Cette vision proactive rend le bonheur pas mal plus accessible. Mon aptitude à mettre de la joie dans ma vie dépend de moi, de mes priorités, de mes choix, de mes attitudes. En cette période des fêtes qui arrive à grands pas, le plus beau cadeau que je pourrais m’offrir à moi-même ainsi qu’aux personnes qui m’entourent, ne serait-il pas de choisir de vivre dans la joie ?

Linda Léveillée M.A.

Des cadeaux mal emballés

Non, non, ne vous inquiétez pas, je ne suis pas en train d’écrire un article en retard sur les cadeaux de Noël et vous remémorer le stress des factures que vous avez maintenant à payer.

C’est du sens de la vie quand on souffre que je veux vous entretenir. S’il y a bien une chose que l’on ne souhaite pas dans notre vie, c’est la souffrance, les épreuves, les blessures. Pourtant, elles se pointent le bout du nez, un peu trop souvent, même si l’on ne les a pas invitées. Il semble que l’existence humaine est, à la fois, inexorablement lumière et ombre. La lumière, le bonheur, l’amour on n’a pas de problème avec ça. On les appelle. On les attire. On en veut toujours plus. Ça goûte bon et ça nous humanise. Humanise, dans le sens que cela fait de nous de meilleures personnes. Mais, comme la vie est un forfait tout inclus, l’autre volet, plus lourd et plus sombre, frappe aussi à notre porte.

Que faire devant la souffrance ? Comment essayer de lui donner un sens ? De moins résister, moins nier, moins fuir et devenir victime devant cette invitée indésirable, mais de chercher plutôt à l’accueillir comme une occasion précieuse pour grandir et évoluer. Je le reconnais, c’est bien plus facile à dire qu’à faire. On connaît tous la petite phrase cliché : Il n’y a rien pour rien. Mais l’appliquer, l’intégrer dans toutes les dimensions de notre être ( notre tête, notre corps, nos émotions, notre âme ) c’est toute une autre histoire.

Ce qui pose problème avec la souffrance, c’est justement qu’elle est souffrante. Qu’elle fait mal. Qu’elle nous heurte profondément dans notre humanité. En fait, la souffrance dans un premier regard, n’a pas de sens. Elle est une ennemie. Une voleuse de notre bonheur et de notre quiétude. Ça n’a pas de sens quand des parents perdent un enfant. Ça n’a pas de sens le diagnostic d’une maladie incurable, d’un cancer, d’un accident d’auto tragique, d’une perte d’emploi et pas plus de sens une catastrophe naturelle qui tue des centaines, parfois des milliers de personnes. Et ce non-sens à nos épreuves ajoute encore plus de souffrance, car comme être humain, nous avons fondamentalement besoin d’être en maîtrise de nos vies, de comprendre et de donner du sens à ce qui nous arrive.

Alors, que faut-il faire pour donner du sens à la souffrance ? Je serais portée à vous dire dans un premier temps de ne rien faire. Ne pas résister. Lâcher prise. Accueillir. Accepter cette souffrance et la ressentir dans toute son intensité, sa douleur et son absurdité. Même si je me bats contre ma souffrance, elle est là, elle a déjà pris sa place dans mon être, dans mes cellules. Je suis consciente que ma proposition de « faire avec » ne suscite probablement pas un enthousiasme délirant. Ce n’est pas comme apprendre que l’on vient de gagner à la loterie. Cela demande du courage et de la volonté d’accepter d’entrer dans ce qui nous fait mal et de vivre toutes les émotions qui viennent avec. Car, faut-il le reconnaître, la souffrance nous met face à face avec notre existence, avec le sens de notre présence sur la terre. Elle nous met en face de notre propre solitude. Cette solitude d’exister pour soi et par soi. Voilà, peut-être le premier cadeau mal emballé que la souffrance nous offre : un rendez-vous avec Soi. Avec l’essence de son ÊTRE. Un rendez-vous avec SA VIE !

Au cœur des épreuves que je rencontre sur ma route de vie, il y a moi. Je suis là au centre de mon existence. J’EXISTE ! C’est peut-être ce lien, avec ce qu’il y a de plus beau et de plus grand en moi, que nos souffrances nous amènent à contacter. À renouer le contact sacré avec son essence. Son essence lumineuse … et divine.

Bien sûr, quand on souffre et qu’on est au cœur du tumulte intérieur, c’est précisément cela qu’on a perdu de vue, notre lumière intérieure. L’espoir de jours meilleurs. Mais je crois que si l’on reste suffisamment longtemps avec sa souffrance pour l’accueillir et la porter avec une énergie de bienveillance face à soi-même, tout doucement elle va nous révéler ses mystères … et de nouveaux chemins de vie. Un certain sens va émerger et nous donner un souffle nouveau. Cela peut parfois prendre du temps, beaucoup de temps, selon la gravité de ce qui nous a fait souffrir. Suffisamment de temps pour qu’après l’état de choc, on puisse poser un second regard. Un regard plus intérieur, plus intime. Un regard plus spirituel. Un nouveau regard qui nous permet enfin de voir les choses sous un tout autre angle. Un nouvel angle qui aurait été impossible d’envisager au cœur de la tempête. Il nous faut parfois du recul, beaucoup de recul pour pressentir que nos épreuves ont des bénédictions à nous apporter. Qu’elles sont des occasions exceptionnelles pour se transformer et évoluer. Cela demande un grand travail de patience et d’amour. C’est tout un processus de cheminement que d’arriver à bénir ce qu’un jour on a maudit. Pour arriver à ce passage délicat et profond, il faut accepter de traverser nos épreuves avec vérité … et confiance. Continuer d’avancer, même quand on ne voit pas clair, avec l’intime certitude que la vie va renaître et que nous sommes portés par plus grand que nous. Que notre âme elle, sait que ce qui nous arrive est parfait !

Oui, la vie nous réserve parfois des cadeaux dont on aurait bien voulu se débarrasser tellement ils sont mal emballés, mais ils n’en demeurent pas moins des cadeaux. Des cadeaux qui nous ont parfois meurtris … mais transformés jusque dans les profondeurs de notre être parce que nous avons accepté de soutenir l’insoutenable pour que la magie de la vie s’opère à nouveau.

Linda Léveillée

Le harcèlement, c’est l’arme des faibles

Quel fléau dans notre société que le harcèlement et l’intimidation. Les statistiques nous démontrent que, malheureusement, ce phénomène de violence gratuite et insidieuse a augmenté au cours des dernières années. La cyberintimidation a beaucoup contribué à aggraver le phénomène, particulièrement chez les jeunes. Mais pourquoi le mépris, l’humiliation et la destruction de l’autre contaminent-ils si facilement nos relations humaines ?

Je n’ai pas de réponse scientifique à cette question majeure, mais certainement que notre société d’individualisme, d’hyper consommation et de déresponsabilisation y contribue pour beaucoup. Dans notre culture où on est centré sur le me myself and I, le sens de l’autre ne devient pas une priorité prioritaire. À cela s’ajoute une certaine perte au niveau des valeurs humaines et spirituelles fondamentales. Dans ce contexte du chacun-pour-soi, il est facile de pencher du côté d’une certaine nonchalance et indifférence face à l’altérité, c’est-à-dire ce qui n’est pas soi. De là, c’est bien tentant de tomber dans le piège de commencer à juger, à critiquer, voire même à attaquer l’autre dans son intégrité.

Qu’est-ce que le harcèlement ? C’est une conduite que l’on qualifie de vexatoire. Qui se manifeste par des comportements, des paroles et des gestes répétés et qui sont considérés comme hostiles, c’est-à-dire qu’ils sont volontairement méchants et destructeurs. Ces conduites vexatoires portent atteinte à la dignité et à l’intégrité psychologique de la personne qui les subit. Bien que le harcèlement se manifeste de façon insidieuse et que les agressions sont le plus souvent cachées, il cause des torts considérables à la personne qui s’en trouve victime. Perte d’estime de soi et du sentiment de sa valeur, peur, stress, impuissance, honte, etc. La blessure est parfois à ce point profonde, que cela conduit à des dérives psychologiques importantes, allant même jusqu’au suicide. (On l’a bien vu dans les médias au cours des dernières années.)

L’intimidation porte aussi la même intention malveillante de faire du mal à l’autre, de le menacer et de lui faire peur. Ce qui distingue l’intimidation du harcèlement, c’est que ce dernier implique une notion de répétition. Le harcèlement est beaucoup plus qu’un acte isolé de méchanceté, c’est une stratégie délibérée d’attaquer l’autre dans le but de le détruire.

Qui sont les personnes qui intimident ? Cela peut être n’importe qui. Vraiment n’importe qui. Étonnamment, même des personnes bien mises et haut placées. Les astuces masculines pour dénigrer ne sont pas les mêmes que les stratégies féminines. Les hommes étant en général plus directs et les femmes plus sournoises. Qui sont les personnes qui sont intimidées ? Cela peut aussi être n’importe qui. Des gens plus vulnérables, fragiles, isolés, mais aussi des personnes dynamiques, rayonnantes et qui se démarquent par leur charisme.

L’intimidateur s’attaque souvent à des personnes qu’il estime dérangeantes à cause de leur forte personnalité. Se sentant menacé, l’intimidateur utilise la stratégie de rabaisser l’autre pour se remonter. Ce qui se cache souvent derrière le harcèlement, c’est la JALOUSIE, LA RIVALITÉ, LE POUVOIR. D’ailleurs, faut-il se le rappeler, à la base de toutes les formes de racismes, c’est la peur de la différence de l’autre qui est en jeu, au point de faire de l’autre un ennemi. Les gens qui intimident, malgré leur apparence extérieure de solidité et de supériorité, ont en fait une faible estime d’eux-mêmes, un mal-être important. Car quand on est bien dans sa peau, on a bien d’autres choses à faire que de jouer à dénigrer et rabaisser les autres.

Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut oser dénoncer. Dénoncer si on est victime, mais aussi dénoncer si on en est témoin. Mais dénoncer demande beaucoup de courage et de force car la peur prend parfois toute la place. Et c’est précisément la stratégie des gens qui intimident de faire peur à leur adversaire. C’est de ce cercle vicieux où on se sent paralysé de peur et de souffrance qu’il faut se sortir pour reprendre sa position d’être debout dans sa dignité et son droit à la liberté d’exister. À qui faut-il dénoncer ? Aux personnes en autorité ou avec qui on est en confiance : professeurs, parents, adultes significatifs, organismes d’aide, la Commission des normes du travail, etc. Dénoncer implique aussi de demander et de recevoir de l’aide, car le pire, c’est de rester isolé avec son problème. En parler aide à mieux objectiver ce que l’on vit et d’envisager des solutions possibles. Pour la personne qui est victime d’intimidation ou d’harcèlement, il est également impératif de tout faire pour se PROTÉGER et de PRENDRE SOIN d’elle afin de limiter le plus possible les aspects destructeurs de la situation malsaine. Il faut s’envelopper de bienveillance à son égard pour servir d’antidote à la haine que l’on reçoit.

Je le redis avec conviction, le harcèlement c’est l’arme des faibles. Derrière la personne qui se pense supérieure aux autres, au point de se permettre d’humilier, de critiquer et de vouloir volontairement faire du mal à l’autre, se cache une personne fragile, humainement handicapée et spirituellement limitée, qui au contraire d’être forte est profondément faible.

Ne vous gênez pas de communiquer avec moi si vous voulez discuter ou me rencontrer parce que vous êtes aux prises avec une situation de harcèlement, je suis très sensible et touchée par cette tragique réalité.

Linda Léveillée

Rituels de naissance

Donner naissance à un enfant ! Y a-t-il quelque chose de plus grand, de plus puissant, de plus magique que l’on peut vivre? Je crois que poser la question, c’est y répondre. À mon avis, il n’y a rien de plus sacré au monde. C’est l’ultime geste créateur que nous pouvons poser comme être humain. Nous avons le pouvoir, entre nos mains, ou plutôt, dans nos corps, de créer la vie. Quel immense privilège … et quelle responsabilité nous possédons ! Nous avons le pouvoir de créer une nouvelle vie. WOW ! J’oserais affirmer que dans ce geste créateur, nous ressemblons à Dieu ! Nous avons nous aussi hérité du cadeau inouï de créer la vie. Impressionnant !

De toute notre existence, aucun engagement n’aura autant d’impact et de conséquences que la relation sexuelle qui va donner naissance à un nouvel être humain. C’est la responsabilité la plus exigeante et la plus déterminante que l’on aura à assumer de toute notre vie. Aucun autre engagement ne lui est comparable. Quelle énormité nous sommes en train de nous dire. En donnant vie à un enfant, je pose un geste ultimement sacré, qui me fait ressembler à Dieu, et ce pouvoir créateur m’engage moi et la petite vie à naître pour … l’éternité ! Vraiment impressionnant ! C’est de la vie avec un grand V dont il est question !

Juste à prendre conscience de cette extraordinaire réalité, j’en sens les vibrations dans mon corps. Je sens cette énergie sacrée. Elle me touche. Elle m’émeut. Elle m’émerveille.

S’il n’y a rien de plus beau et de plus grand au monde que de donner vie à un enfant, c’est important de vivre cette expérience avec le maximum de conscience. En fait, c’est tout ce qui entoure le processus de création qui sort complètement de l’ordinaire de la vie. La relation sexuelle, la grossesse, l’accouchement, l’allaitement, les premiers mois, les premières années, l’enfance, l’adolescente et jusqu’à la vie adulte. Car la vie est sacrée. En être pleinement conscient, c’est tout faire pour la PROTÉGER, l’HONORER et la CÉLÉBRER.

C’est dans cette perspective que je vous partage une réflexion sur les rituels de naissance. Puisque donner vie à un nouvel être, c’est l’ultime geste divin que l’on peut poser, c’est important que son arrivée soit soulignée avec la même énergie sacrée. Pour vivre une célébration d’accueil signifiante et respectueuse de vos croyances et de votre cheminement, plusieurs possibilités s’offrent à vous. Il y a bien entendu le sacrement du baptême, qui est offert par les paroisses. Si c’est un choix qui vous interpelle, je vous suggère de magasiner un peu. Certaines paroisses offrent une approche pastorale du baptême vraiment significative et pertinente pour la réalité d’aujourd’hui. Ne vous gênez pas pour personnaliser la célébration afin qu’elle vous ressemble le plus possible. Il existe aussi des organisations non religieuses qui offrent des célébrations de naissance. Là aussi il faut magasiner pour trouver vraiment ce qui vous convient. En troisième possibilité, vous pouvez également, si votre élan va dans ce sens, choisir de créer votre propre célébration d’accueil selon vos goûts et ce qui vous anime.

Peu importe quelle option vous favorisez, l’important c’est de vivre une célébration qui vous fait entrer dans la dimension sacrée de la vie de l’enfant qui vient de naître. Il faut bien se le rappeler, la vie, et plus particulièrement la vie humaine, n’est pas ordinaire, elle est extraordinaire. Elle n’est pas banale, elle est divine. L’enfant qui naît porte en lui une dignité fondamentale. C’est un être de lumière et sa lumière divine demeurera toute sa vie, peu importe la trajectoire que prendra son existence. C’est cela qu’il faut célébrer et honorer. Accueillir cette énergie divine avec conscience et un profond sentiment d’émerveillement.

Pourquoi est-il important de vivre une célébration d’accueil ? À la limite, ce n’est pas pour le bébé, il n’est pas conscient de ce qui se passe et seules les photos vont lui rappeler ce souvenir. C’est pour nous les adultes, et surtout pour les parents, que nous avons besoin de vivre l’arrivée d’un enfant avec le maximum de conscience et de connexion spirituelle. La célébration en elle-même n’apporte rien de magique. Le nouveau-né ne deviendra pas plus un enfant de Dieu par le rituel. Il est déjà un enfant de Dieu, un enfant de lumière, juste par son souffle, par son existence. Alors le rituel de naissance c’est pour nous rappeler que tous les jours, nous avons la responsabilité de révéler à ce petit être ( même devenu ado et adulte ) l’immensité de la Beauté et de la Grandeur qui l’habite. C’est un engagement de notre part à lui offrir le meilleur de nous-mêmes afin qu’il grandisse dans une énergie d’amour, de confiance et d’épanouissement. Plus nous baignons dans cette énergie sacrée de la vie humaine, plus nous offrons des conditions gagnantes à ce petit être afin qu’il expérimente le bonheur d’être connecté à son âme.

Linda Léveillée

P.S : Cet article a été écrit pour Bébé Santé de Granby. On m’avait demandé une réflexion comme théologienne sur les rituels de naissance.