CE N’EST PAS PARCE CE QUE L’ON SE PARLE, QUE L’ON COMMUNIQUE !

Audacieux mon titre. Audacieux d’aborder un sujet aussi vaste et complexe que la communication. Audacieux d’oser y ajouter mon grain de sel. Mais j’ose, avec humilité et simplicité.

Il existe différents niveaux de communication, selon les circonstances et les personnes à qui l’on s’adresse. La COMMUNICATION FONCTIONNELLE ET UTILITAIRE est celle de nos Bonjours, Bonne journée, Comment ça va ? Ça va bien, merci et toi ?, que l’on distribue aux personnes que l’on croise dans notre quotidien et qui n’impliquent pas trop d’engagement de notre part. Nos petits textos rapides, juste pour prendre contact. Nos incontournables questions: Qu’est-ce que l’on mange ce soir ?, As-tu terminé tous tes devoirs ?, Chéri, pourrais-tu passer à l’épicerie chercher du lait et des œufs ?

Il y a aussi la COMMUNICATION SOCIALE. Ce que l’on se dit quand on se retrouve à la pause avec ses collègues de travail ou au resto avec des amis-ies. On parle de politique, d’auto, de hockey, de la mode, du coût de la vie qui ne cesse d’augmenter, de son dernier voyage dans le Sud, etc. Bien sûr, quand on se retrouve avec des personnes qui nous sont davantage proches, nos communications deviennent plus personnelles et favorisent un niveau plus intime et plus profond. Heureusement, car c’est bien sympathique de se demander comment ça va, de parler de politique et de mode, mais cela nous laisse rapidement bien vides. On s’est parlé, oui, mais cela ne nous a fait ni grandir, ni évoluer. On a besoin de plus que cela nous les êtres humains, parce que nous sommes fondamentalement des êtres de relation. Et qui dit relation dit justement entrer en relation. Ça l’air niaiseux, mais c’est pas mal plus difficile à faire qu’à dire.

Entrer en relation implique de créer un lien authentique avec l’autre. Pas juste un tête à tête où on échange des idées, mais un cœur à cœur où on est impliqué émotivement et affectivement. Une rencontre où on se laisse enrichir par l’autre. De son unicité. De sa différence. De son mystère. De ses parts de lumière et d’ombre. Mais il faut bien l’avouer, ce n’est as si facile d’arriver à ce niveau de COMMUNION, de partage où les âmes vibrent ensemble. Trop souvent, malgré notre bonne volonté, dans les relations avec les personnes qui nous sont proches (parents, enfants, conjoint, conjointe), on se retrouve dans une communication défensive. Et celle-ci, au contraire de nourrir la relation, la fragilise, la mine, voire même la détruit.

La COMMUNICATION DÉFENSIVE, c’est celle où je veux avoir raison et gagner sur l’autre. Plutôt que de m’efforcer à écouter réellement l’autre, je pense à mes répliques. Mon besoin est bien plus d’être entendu que d’entendre. À vrai dire, sans l’avouer ouvertement, seul mon point de vue compte. Les échanges ressemblent ainsi à un match de boxe, à une lutte de pouvoir où il doit y avoir un gagnant et un perdant. Dans ce type de communication défensive, on réagit souvent à partir de nos blessures (bien qu’on en soit la plupart du temps inconscient) en attaquant, en critiquant et en dénigrant l’autre. On projette sur l’autre la part d’ombre que l’on ne veut pas voir en soi. Ce pattern malsain est en plus, souvent assorti du piège d’interpréter et de déformer ce que l’autre dit. Ce n’est pas ce que l’autre exprime que l’on entend, mais bien l’écho que cela a en nous à partir de nos blessures affectives et de nos croyances rigides.

Deux solitudes qui se parlent … mais qui ne sont pas en relation. Un monologue à deux qui génère beaucoup d’incompréhension, de souffrance et … de solitude. Rappelons-le, nous sommes essentiellement des êtres de relation et ce que nous cherchons de si précieux dans nos relations, c’est d’être apprécié et aimé ! Or la communication défensive est à mille lieues de ce qui nous donne ce sentiment d’exister aux yeux de l’autre. D’être vu et entendu. D’être accueilli et légitimé dans son existence. D’avoir le droit d’être qui nous sommes et de donner ce même droit à l’autre.

La communication qui fait vibrer notre humanité et qui nourrit notre âme est celle qui est empreinte d’AUTHENTICITÉ, DE PROFONDEUR ET D’INTIMITÉ. La communication INTIME est celle de la rencontre de deux êtres qui se révèlent l’un à l’autre sans peur, sans masque ni artifice et sans cachette. Bien sûr, c’est une communication risquée, car on ose se révéler à l’autre dans ce que l’on a, à la fois de plus beau et de plus fragile. Pour arriver à cette « mise à nu » de notre être, risquée mais si précieuse, il faut absolument se retrouver dans un contexte d’ouverture et de confiance réciproque. C’est la condition absolue.

La COMMUNICATION INTIME invite les partenaires à parler essentiellement au JE. À bannir les TU qui tuent la relation. À se déposer l’un devant l’autre avec authenticité. Avec le meilleur et le pire de soi et d’accueillir l’autre dans cette même tonalité de partage en vérité. Le ring de boxe est remplacé par une danse à deux. Quand on touche ce niveau de communication intime et profonde, il se passe quelque chose de grand en nous. On se transforme, on devient une meilleure personne juste parce qu’on a eu le privilège d’être accueilli inconditionnellement. Chaque communication intime et authentique génère un moment unique de création entre deux êtres. Ce moment unique est essentiellement spirituel, car il nourrit notre besoin de nous sentir relié et de faire UN. Et cette aspiration à l’unité, à être « re-lié » est fondamentale dans notre quête humaine. À chaque fois qu’on la touche, on ressent un grand moment de bonheur et de plénitude.

En résumé, communiquer implique une présence pleine de conscience à soi et à l’autre, dans une intention bienveillante afin de devenir de meilleures personnes et de s’aider à évoluer. Tout un défi ! Pour nous permettre d’avancer dans cette perspective si riche et nourrissante, mon prochain article portera sur un processus de communication qui favorise ce niveau profond de communion et de danse humanisante avec l’autre.

Linda Léveillée
Professionnelle en relation d’aide