Le harcèlement, c’est l’arme des faibles

Quel fléau dans notre société que le harcèlement et l’intimidation. Les statistiques nous démontrent que, malheureusement, ce phénomène de violence gratuite et insidieuse a augmenté au cours des dernières années. La cyberintimidation a beaucoup contribué à aggraver le phénomène, particulièrement chez les jeunes. Mais pourquoi le mépris, l’humiliation et la destruction de l’autre contaminent-ils si facilement nos relations humaines ?

Je n’ai pas de réponse scientifique à cette question majeure, mais certainement que notre société d’individualisme, d’hyper consommation et de déresponsabilisation y contribue pour beaucoup. Dans notre culture où on est centré sur le me myself and I, le sens de l’autre ne devient pas une priorité prioritaire. À cela s’ajoute une certaine perte au niveau des valeurs humaines et spirituelles fondamentales. Dans ce contexte du chacun-pour-soi, il est facile de pencher du côté d’une certaine nonchalance et indifférence face à l’altérité, c’est-à-dire ce qui n’est pas soi. De là, c’est bien tentant de tomber dans le piège de commencer à juger, à critiquer, voire même à attaquer l’autre dans son intégrité.

Qu’est-ce que le harcèlement ? C’est une conduite que l’on qualifie de vexatoire. Qui se manifeste par des comportements, des paroles et des gestes répétés et qui sont considérés comme hostiles, c’est-à-dire qu’ils sont volontairement méchants et destructeurs. Ces conduites vexatoires portent atteinte à la dignité et à l’intégrité psychologique de la personne qui les subit. Bien que le harcèlement se manifeste de façon insidieuse et que les agressions sont le plus souvent cachées, il cause des torts considérables à la personne qui s’en trouve victime. Perte d’estime de soi et du sentiment de sa valeur, peur, stress, impuissance, honte, etc. La blessure est parfois à ce point profonde, que cela conduit à des dérives psychologiques importantes, allant même jusqu’au suicide. (On l’a bien vu dans les médias au cours des dernières années.)

L’intimidation porte aussi la même intention malveillante de faire du mal à l’autre, de le menacer et de lui faire peur. Ce qui distingue l’intimidation du harcèlement, c’est que ce dernier implique une notion de répétition. Le harcèlement est beaucoup plus qu’un acte isolé de méchanceté, c’est une stratégie délibérée d’attaquer l’autre dans le but de le détruire.

Qui sont les personnes qui intimident ? Cela peut être n’importe qui. Vraiment n’importe qui. Étonnamment, même des personnes bien mises et haut placées. Les astuces masculines pour dénigrer ne sont pas les mêmes que les stratégies féminines. Les hommes étant en général plus directs et les femmes plus sournoises. Qui sont les personnes qui sont intimidées ? Cela peut aussi être n’importe qui. Des gens plus vulnérables, fragiles, isolés, mais aussi des personnes dynamiques, rayonnantes et qui se démarquent par leur charisme.

L’intimidateur s’attaque souvent à des personnes qu’il estime dérangeantes à cause de leur forte personnalité. Se sentant menacé, l’intimidateur utilise la stratégie de rabaisser l’autre pour se remonter. Ce qui se cache souvent derrière le harcèlement, c’est la JALOUSIE, LA RIVALITÉ, LE POUVOIR. D’ailleurs, faut-il se le rappeler, à la base de toutes les formes de racismes, c’est la peur de la différence de l’autre qui est en jeu, au point de faire de l’autre un ennemi. Les gens qui intimident, malgré leur apparence extérieure de solidité et de supériorité, ont en fait une faible estime d’eux-mêmes, un mal-être important. Car quand on est bien dans sa peau, on a bien d’autres choses à faire que de jouer à dénigrer et rabaisser les autres.

Pour sortir de ce cercle vicieux, il faut oser dénoncer. Dénoncer si on est victime, mais aussi dénoncer si on en est témoin. Mais dénoncer demande beaucoup de courage et de force car la peur prend parfois toute la place. Et c’est précisément la stratégie des gens qui intimident de faire peur à leur adversaire. C’est de ce cercle vicieux où on se sent paralysé de peur et de souffrance qu’il faut se sortir pour reprendre sa position d’être debout dans sa dignité et son droit à la liberté d’exister. À qui faut-il dénoncer ? Aux personnes en autorité ou avec qui on est en confiance : professeurs, parents, adultes significatifs, organismes d’aide, la Commission des normes du travail, etc. Dénoncer implique aussi de demander et de recevoir de l’aide, car le pire, c’est de rester isolé avec son problème. En parler aide à mieux objectiver ce que l’on vit et d’envisager des solutions possibles. Pour la personne qui est victime d’intimidation ou d’harcèlement, il est également impératif de tout faire pour se PROTÉGER et de PRENDRE SOIN d’elle afin de limiter le plus possible les aspects destructeurs de la situation malsaine. Il faut s’envelopper de bienveillance à son égard pour servir d’antidote à la haine que l’on reçoit.

Je le redis avec conviction, le harcèlement c’est l’arme des faibles. Derrière la personne qui se pense supérieure aux autres, au point de se permettre d’humilier, de critiquer et de vouloir volontairement faire du mal à l’autre, se cache une personne fragile, humainement handicapée et spirituellement limitée, qui au contraire d’être forte est profondément faible.

Ne vous gênez pas de communiquer avec moi si vous voulez discuter ou me rencontrer parce que vous êtes aux prises avec une situation de harcèlement, je suis très sensible et touchée par cette tragique réalité.

Linda Léveillée