La spiritualité de la vaisselle

SPIRITUALITÉ ET VAISSELLE, voilà bien deux concepts que l’on n’est pas porté à associer ensemble. On aurait même plutôt tendance à les opposer. La spiritualité étant de l’ordre des choses supérieures, évoluées et intérieures tandis que la vaisselle appartient à la réalité quotidienne bien ordinaire (pour ne pas dire plate) de la vie. En plus, il faut bien l’avouer, la tradition judéo-chrétienne a malheureusement cristallisé cette dichotomie en opposant vigoureusement la vie spirituelle et la vie matérielle.

Pourtant, on peut tellement voir et surtout vivre les choses autrement. Et si on osait réinventer notre vision de la spiritualité … et aussi celle de la vaisselle. C’est à cette aventure audacieuse que je vous convie.

Si on associe spontanément la spiritualité à des gestes précis comme prier, méditer ou participer à des célébrations religieuses, on y gagnerait à développer une vision plus large et plus englobante qui inclut l’ensemble des dimensions humaines de la vie.

En fait, tout ce qui nous HUMANISE est spirituel. C’est-à-dire, tout ce qui nous permet de devenir plus pleinement humain. Dans cette perspective, je vous propose trois critères pour authentifier une démarche spirituelle. Est-ce que cela me rend plus humain ? Plus aimant? Plus vivant? Lapidaire comme questionnement, mais une spiritualité déconnectée de la vie n’a de spirituel que le nom !

Ainsi, tout ce qui concerne la vie et l’humain est profondément spirituel. Dans ce sens, la spiritualité s’exprime au cœur du quotidien de la vie. En préparant les repas, en passant la balayeuse, en déneigeant la cour, en jouant avec les enfants, en gagnant son pain quotidien, en …

Une spiritualité bien incarnée, c’est SACRALISER le quotidien. C’est transformer les petites choses ordinaires en moments précieux. Si on s’y arrête sérieusement, on se rend compte que la majeure partie de notre vie se déroule dans le quotidien. Se lever, s’habiller, travailler, étudier, faire la vaisselle, aller à l’épicerie, payer les comptes, faire de l’exercice, se raconter nos journées, répondre à nos courriels, naviguer sur Facebook, etc. Même les fins de semaine, qui se vivent un peu en-dehors de la routine du quotidien, il reste des tâches à faire entre quelques descentes de ski et les émissions de télévision à regarder.

Alors, tant qu’à passer autant de temps dans le  routine de la vie, pourquoi ne pas choisir volontairement d’y donner plus de SENS. De rendre le quotidien davantage SACRÉ. C’est là notre défi : sacraliser la vie de tous les jours. Autant nos « il faut que », les tâches qui nous font parfois soupirer et nos situations stressantes que nos moments de bonheur et de légèreté. En arriver à acquérir une conscience aiguë que la vie est toute là, à chaque instant, même dans la vaisselle à laver. La vie n’est pas ailleurs que dans l’ici et maintenant de la vie de tous les jours. Elle n’est pas seulement au rendez-vous le vendredi soir au restaurant ou sur une plage dans le Sud.

Une spiritualité bien incarnée, c’est vivre le quotidien de la vie avec encore plus de présence et de conscience.

Une spiritualité bien incarnée, c’est sacraliser l’instant présent pour que l’ordinaire devienne extraordinaire.

Une spiritualité bien incarnée, c’est chercher à devenir une meilleure personne, plus aimante, plus vivante, plus heureuse, et ce, jour après jour.

Une spiritualité bien incarnée, c’est saisir toutes les occasions que nous offre la vie pour grandir et évoluer en prenant bien soin de se connecter à son âme et aux profondeurs de son être.

Oui, une spiritualité incarnée, c’est faire l’amour avec la vie … et aussi avec la vaisselle.

Linda Léveillée