Un vrai joyeux Noël ?

Étant allergique, et je dirais même un peu rebelle, à tout ce qui est insignifiant, rigide et établi de toute éternité, j’ai choisi de réfléchir avec vous sur notre fameux Joyeux Noël  que l’on distribue avec générosité aux gens autour de nous, pendant que le père Noël, lui, distribue ses nombreux cadeaux.

D’abord, je me suis amusée à poser à quelques personnes de mon entourage cette question incisive : «  Quand tu souhaites Joyeux Noël à quelqu’un, quel sens cela a-t-il pour toi ? » Voici les réponses.

Bianca : Tu veux vraiment une vraie réponse ? Ben, ça veut rien dire ! Le seul sens est ponctuel. De passer une belle journée.

Brigitte : Quand je le dis sans m’y arrêter, ça ne veut pas dire grand-chose. C’est une formulation. Il se passe rien. Par contre, quand je le dis avec conscience, Joyeux Noël a un sens sacré, car c’est la connexion au divin, à l’amour, à la lumière, à la paix du cœur.

Philippe : Ayez du plaisir et profitez de vos vacances !

Véronique : Si je suis en mode “automate” dans mon mental, je vais dire – Joyeux Noël – mais si je suis en mode “présence” dans mon coeur, je vais avoir envie d’innover et souhaiter un Noël Joyeux.

Diane : Je leur souhaite de passer du bon temps en famille, car la famille c’est ce que l’on a de plus important. D’être heureux et rempli de l’esprit de Noël.

Avant d’aller plus loin dans la lecture, prenez le temps de vous arrêter et de vous demander quel est le sens que vous mettez dans vos propres Joyeux Noël.

Indéniablement,  Joyeux Noël   n’a pas le même sens pour tout le monde. De mon côté, j’appartiens davantage à la catégorie des sceptiques. J’ai bien de la difficulté avec le Joyeux Noël automatique et vide. Il s’apparente trop à notre fameux passe-partout relationnel : Comment ça va ? Moi, ça va bien. Et toi ? D’accord, c’est politiquement correct, mais humainement, trop pauvre et vide.

Mais avant de tout remettre en question, laissez-moi vous partager quelques réflexions comme femme en cheminement, mais aussi comme théologienne. À Noël, qu’est-ce que l’on fête au juste ? Bon, la réponse classique est la naissance de Jésus. Est-ce que l’on fête uniquement l’évènement de sa naissance ( le quand, le comment, le contexte ) ou si l’on fête le sens de sa venue sur la terre et de sa mission ? C’est-à-dire qui Jésus a été comme adulte, ce qu’il a dit, ce qu’il a fait, ce qu’il a dénoncé et annoncé ? Personnellement, je suis tellement plus attirée par le Jésus adulte, audacieux, profondément libre et authentique, pétri d’amour et de vie en abondance, radicalement engagé du côté de la justice et de l’humain, que le petit Jésus de plâtre couché dans son berceau.

Jésus est venu nous annoncer une Bonne Nouvelle. Et toute une BONNE NOUVELLE ! Une nouvelle révolutionnaire qui déclare que tous les êtres humains sont des enfants de Dieu et, par voie de conséquence, possèdent tous la même valeur et la même dignité fondamentale. Au nom de cette égalité fondamentale, selon l’Évangile, il faut tout faire pour créer un monde meilleur basé sur la JUSTICE, la VIE et l’AMOUR. Ce qui est hautement révolutionnaire dans cet engagement social, c’est que pour le Dieu de Jésus, l’ultime sacré c’est l’être humain ! … et non pas le religieux. Question d’être encore plus déstabilisant et inattendu, dans cette logique de travailler à la justice de façon à restaurer la dignité de chaque être humain, Dieu a des préférés : ceux et celles qui en arrachent le plus : les malades, les pauvres, les femmes, les enfants, les sans pouvoir, en résumé, les exclus. Et à l’époque, des exclus, il y en a beaucoup (on est loin de la charte des droits et libertés, de l’aide sociale et des soupes populaires.)

Il faut bien le reconnaître, si la Bonne Nouvelle n’avait pas porté essentiellement sur la justice et la restauration de la dignité fondamentale de chaque être humain, Jésus ne serait sûrement pas mort sauvagement assassiné, par ceux qui avaient trop d’intérêts et de pouvoir pour que son message passe. Il serait probablement mort de vieillesse. Son message, dont il a payé le prix de sa propre vie, me rend Jésus encore plus attachant. Il a osé aller au bout de ses options malgré les menaces, il a su demeurer fidèle à son mouvement intérieur, bien enraciné dans son lien intime à Dieu. Convaincu que l’ultime sacré c’est l’être humain, Jésus a eu l’art de voir en chaque personne, la beauté et la grandeur intrinsèques qui l’habitent. Il a posé sur chaque personne qu’il a croisée sur sa route, un regard de foi et d’amour qui fait vivre. Son énergie aimante était d’une telle intensité, qu’à son contact les gens guérissaient, se redressaient, se remettaient à vivre. Voilà ses miracles ! Il redonnait vie aux personnes en les restaurant dans leur dignité divine, en les remettant en contact avec leur beauté intérieure !

Et si, pour la période des fêtes, on s’inspirait de cette Bonne Nouvelle révolutionnaire, encore tellement pertinente et d’actualité aujourd’hui, pour redonner à nos Joyeux Noël un peu plus de sens, de profondeur et de conscience ?

Joyeux Noël parce que tu n’auras jamais fini de prendre la mesure de la beauté et de la grandeur divine qui t’habitent. C’est ce que tu possèdes de plus précieux.

Joyeux Noël parce que je te souhaite que ta vie soit une perpétuelle Bonne Nouvelle d’instants présents.

Joyeux Noël pour que ton existence soit une célébration de la Vie, un éloge à l’Amour et une gratitude pour l’Humanité sacrée qui t’habite.

Joyeux Noël pour que nous nous engagions ensemble à continuer inlassablement de construire un monde meilleur où respirent la joie d’exister et le bonheur d’être.

Joyeux Noël pour que nous n’arrêtions jamais de lutter contre tout ce qui détruit la vie : la pauvreté, l’injustice, le mensonge, le harcèlement, la haine, la violence, etc.

P.S : La veille où je devais remettre mon article, j’ai écris un petit courriel à mon chum pour lui demander ses commentaires et voici ce qu’il m’a répondu avec une complicité bienveillante. (Je ne lui avais pas encore envoyé mon texte.) Il y un Noël pour tout le monde et, en particulier peut-être, pour les personnes blessées par la vie. À toi qui vit une épreuve importante présentement, la naissance dans une étable de Jésus n’est-elle pas aussi le signe d’une renaissance, n’est-elle pas l’origine d’un rituel annuel qui nous fournit l’occasion de repartir sur des bases nouvelles, comme un enfant qui naît ?

Linda Léveillée